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Les garçons et Guillaume, à table !

image 3J’ai vu le film cet après-midi. Ce que j’avais pu en percevoir par la bande annonce et ce que je pouvais en connaitre après la lecture de quelques critiques ne m’engageait guère à m’y intéresser. Qu’attendre d’un spectacle sur un thème dans l’air du temps ?  — La répétition des clichés bien-pensants qu’on nous sert partout, —  un numéro de donneur de leçon comme il s’en manifeste tant actuellement ? Ne sommes-nous pas dans un pays dont le gouvernement par une circulaire du 31 octobre 2012 a enjoint aux administrations de promouvoir les idées nouvelles d’identité de genre et d’orientation sexuelle ? Toute occasion est bonne : pour faire la publicité du Thalys, il a ainsi paru utile de présenter le lien entre Paris et Düsseldorf sous la forme d’un couple homosexuel. Il n’est pas une agence de publicité qui ne se sente obligée d’apporter sa pierre à ce martelage. Alors un film de plus pour quoi faire ?

image 1Et bien ce qui m’a plu dans ce film, c’est qu’il a eu l’habileté de prendre tout cela à contrepied. Guillaume a tout de l’homosexuel efféminé, et il semble d’abord qu’on est invité à trouver cela charmant, touchant, sympathique. On s’en réjouirait presque puisqu’il est dit que nous sommes entre gens de bonne compagnie, entre gens bien-pensants et que nous trouvons tous cela très bien. Nous n’avons que mépris pour des spectacles vulgaires comme « la cage aux folles », d’ailleurs nous ne l’avons pas vu (ou nous ne nous en souvenons plus) !Nous passons ainsi toute la première partie du film qui est une comédie gentille où sont vilipendés tour à tour la mère possessive, les machos de collège, les sportifs aux gros biscoteaux, les psys un peu fêlés, l’épreuve de la sélection pour le service militaire etc. Tout cela donne lieu à des séquences parfois hilarantes, d’autres fois émouvantes, certaines d’un humour caustique, toutes parfaitement réussies. Guillaume rencontre aussi des camarades bienveillants, il est accepté avec sa « différence » comme on dit aujourd’hui. On se réjouit donc tout en craignant un peu de vite s’ennuyer si cela doit durer encore longtemps. La relation de Guillaume avec sa mère est particulièrement bien réussie, peut-être parce qu’elle est ce qui est le plus autobiographique dans l’œuvre du vrai Guillaume.

Mais Guillaume vit dans le milieu de la grande bourgeoisie parisienne. Ce n’est que tardivement qu’il est confronté à la réalité de l’homosexualité. Et la bien-pensance en prend un sacré coup. Car oui les homosexuels sont comme tout le monde mais non pas comme le veut la vision de boy-scouts qu’on a pris l’habitude de nous servir ces temps-ci. Ceux que Guillaume rencontre sont du type de ceux que j’ai pu observer quand je travaillais sur les aéroports (milieu où ils sont nombreux) : des gens au comportement compulsif ou même prédateur. Pas du tout des sentimentaux qui rêveraient de fonder une famille « normale ». Dans le cinéma actuel, c’est presque un renversement ! Qu’on se rassure : on est encore loin d’un film comme « la chasse » que je me souviens d’avoir vu dans les années 80 et dont on ressortait secoué. Non tout se passe bien finalement et Guillaume sort intact de ses mésaventures.

image 2Le renversement  final est ce qu’il y a de plus réjouissant. Le spectateur attendait avec bienveillance de manifester sa largeur de pensée en donnant sa bénédiction aux débuts de la vie sentimentale de Guillaume aux bras d’un amant digne de lui. Mais voilà que tout est à nouveau renversé : c’est le regard d’autrui qui fait l’homosexuel. Ce regard est d’abord ici celui de la famille, de la mère, du père et des frères mais c’est aussi celui du spectateur. On nous rappelle, et c’est bien utile ces temps-ci car c’est presque oublié, que l’homosexualité n’est pas un état mais un comportement. Ce qui signifie qu’il résulte parfois d’un choix, parfois d’une éducation, le plus souvent des accidents de la vie et de quelques rencontres. Voilà donc que Guillaume fait son « coming out » comme on dit aujourd’hui. Il fait son coming out hétérosexuel ! Guillaume se marie avec une femme charmante qu’il a rencontré et qu’il a séduite.

Une réflexion sur “Les garçons et Guillaume, à table !

  1. Je suis comme vous assez allergique à l’air ambiant qui voudrait nous embarquer dans une croisade pour la nouvelle mode d’aujourd’hui sur la fumeuse « théorie du genre », comme naguère pour le droit à la différence. Alain Mincq qui pour une fois a énoncé un principe judicieux réclamait « le droit à l’indifférence » envers toute mode.

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