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Sur une campagne de presse

image 1Toutes les radios font en chœur depuis ce matin leur « une » sur la parution simultanée d’articles dans le journal français « Le Monde » et le journal britannique « the guardian » pour dénoncer un vaste système de fraude fiscale mis en place par la banque HSBC (banque qui a son siège social à Londres et dont il est dit qu’elle est la deuxième au monde).

Cette parution simultanée et tout ce battage signale une campagne de presse – campagne forcément préparée de longue date et orchestrée par quelqu’un. Par qui donc ? et pour quoi faire ?

Il y aurait plus de cent mille clients impliqués. Cent quatre-vingt milliards dissimulés. Vingt mille sociétés offshores concernées.

C’est en écoutant, sur RFI, le journal de midi quinze (heure locale) que j’ai appris le plus de choses. La journaliste fait parler Serge Michel, grand reporter au Monde, responsable pour l’Afrique. Ce monsieur nous apprend qu’il a reçu « différentes listes » puis il dit (et je le cite exactement) : « une source est venue nous trouver et nous a remis une clé USB avec l’ensemble de la liste, c’est-à-dire cent mille comptes et avec beaucoup plus de détails parce que sur ces listes là (c’était plusieurs fichiers informatiques) il y avait …. Ça couvrait la période de 2005 / 2007, il y avait à la fois les transactions bancaires mais aussi des notes que les banquiers prenaient à chaque entretien avec leur client et qui étaient extrêmement intéressantes »

« Donc on a reçu cela en janvier 2014 ; on a traité d’abord nous-mêmes le sujet pour voir quelle était l’ampleur et ensuite on a partagé ces documents avec le consortium d’investigation ICIJ à Washington, qui lui-même a monté un réseau de cinquante-cinq médias autour de la terre pour que chacun travaille sur les noms de son pays. Donc cela a pris du temps, on a commencé à travailler concrètement en 2014, on a travaillé sept mois là-dessus et aujourd’hui on commence la publication des articles ».

Serge Michel dit que les pratiques qu’il décrit assez vaguement ont cessé et qu’à la suite de ce retour à l’ordre « la banque a perdu 70% de sa clientèle ». Alors, encore une fois, pourquoi lancer maintenant une campagne de presse contre cette banque si c’est avec des informations « réchauffées » ?

Parmi les bénéficiaires du système, le journaliste cite « le sultan d’Oman, le sultan de Brunei, le roi du Maroc, le roi de Jordanie ». Il ajoute « c’est des chefs d’État qui ont sans doute la possibilité de mettre leur argent à droite et à gauche ». Curieuse dénonciation effectivement ! En quoi ces gens-là fraudent-ils le fisc français ? Il y aurait eu aussi des « trafiquants d’armes et tous les restes de l’affaire Elf en Afrique ». Étaient-ils français ? Il n’est rien dit de cela. Le seul français qui soit cité est le comédien Gad Elmaleh qui doit être quand même du menu fretin.

Ce qui est clair, et c’est la seule chose qui le soit, c’est qu’une campagne est orchestrée par une ONG qui s’est déjà signalée pour sa lutte contre l’évasion fiscale, les paradis fiscaux et les centres de torture secrets de la CIA. C’est sans doute une excellente chose. Ce n’en est pas moins une curieuse campagne de presse qui va sans doute se solder une nouvelle fois par une amende record infligée par la justice des États-Unis à une banque qui fait de l’ombre au système bancaire états-unien. Ce qui m’étonne le plus dans ces affaires, c’est toujours le contretemps et le bénéfice induit pour le système bancaire le plus agressif du moment. Mais sans doute que je verse dans la « théorie du complot ».

Ce que je peux dire pour ma part, c’est que HSBC private bank, puisque c’est d’elle qu’il s’agit et non de HSBC comme « retail bank », a pris le relais du CCF banque suisse qui a été créée dans les années 80 sous la forme d’une filialisation et un déplacement en Suisse d’un service de la banque CCF. (L’essentiel du personnel restant en fait à Paris et occupant un étage de la banque). Au moment de cette création, on a assisté à une chose curieuse : des cadres du service filialisé se sont vus signifier leur licenciement au retour de leurs vacances. Rien n’a jamais filtré des ressorts de tout cela. Déjà le secret entourait cette opération. Il n’a cessé de s’épaissir.

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