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Les ABCD de l’égalité

image 1Les ABCD de l’égalité ne sont qu’un leurre. Ils font la promotion d’une égalité de façade, une égalité pour l’ego. Ils réduisent l’égalité à l’absence de discrimination. Ils voudraient nous faire croire qu’il suffit de nier ou d’ignorer une différence pour qu’elle s’efface. Les enfants ignorent souvent les différences sociales qui les séparent (elles ne leur permettent pas de se rencontrer !) ; cette ignorance leur permettra-t-elle d’avoir les mêmes chances ? En fera-t-elle des égaux. Non, évidemment – bien au contraire même ! Et pourquoi cela ? – parce que réduire les inégalités nécessite d’avoir compris quelles sont les conditions d’une véritable égalité.

La véritable égalité n’est pas l’égalité de droit. Il ne suffit pas, pour qu’ils soient égaux, que la secrétaire et son patron aient les mêmes droits. En France, c’est d’ailleurs assez largement le cas. Le patron et sa secrétaire peuvent bien être membres du même club de rugby ou de danse de salon, le patron peut être une femme, l’inégalité sera toujours là puisque la domination sera intacte. Une égalité qui laisse intacte la domination n’est pas une véritable égalité. Seule l’égalité comme fin de la domination instaure une véritable égalité. Elle met fin aux droits de celui qui domine et accorde des droits nouveaux au dominé. Elle rend à chacun la maîtrise de sa vie.

image 3L’égalité se réalise bien souvent par l’inégalité des droits. Dans les rapports hommes/femmes, elle ne se fait que par le moyen de droits spécifiques à la femme. Elle a besoin d’être imposée par la règle de la parité (c’est-à-dire par une inégalité formelle). La parité impose qu’il est juste que les femmes soient traitées différemment car elles sont effectivement différentes. La féminité et ses contraintes sont  bien une réalité qui doit être prise en compte. L’égalité véritable passe par une différence de traitement car elle doit être fondée sur la reconnaissance d’une différence essentielle dont on ne peut nier les incidences sociales (1). La parité suppose qu’il y ait des différences mais elle exige aussi qu’il y ait des convergences,  qu’il y ait au moins une unité d’intérêt si ce n’est une vie partagée.

Ce n’est pas dans l’école que ce problème se pose. A l’école un cerveau féminin est aussi performant qu’un cerveau masculin et les petites filles ne sont pas mère. Ce n’est pas non plus dans le sport. Que tout un chacun puisse pratiquer le sport qui lui convient n’a pas d’effet sur la société.

image 2Non c’est dans l’accès au pouvoir que le problème se pose : dans l’entreprise et dans la vie politique puisque c’est là que s’exercent les dominations. Il faut assurer l’égalité des salaires et l’égalité d’accès aux postes. Cela passe par des droits spécifiques à chaque situation mais aussi par des interdits ou des limitations (comme celles du travail de nuit ou du travail le week-end). 

Cela suppose également, et même principalement,  de passer du salaire selon le travail (et le contrat qui y permet l’accès) à la rémunération selon la qualification comme cela se fait dans la fonction publique ou comme cela était le cas autrefois dans la plupart des conventions collectives. La rémunération selon la qualification met fin aux discriminations ; elle traite chacun selon le poste qu’il occupe et attribue le poste à celui ou celle qui est qualifié (e) pour l’occuper.

Il faut enfin que la partie socialisée du revenu soit augmentée (il faut augmenter les charges et non les diminuer !). Il faut plus de redistribution sociale, alors la mère et plus généralement la famille chargée de l’éducation d’enfants recevra, non selon ce qui aura été arraché à un employeur, mais selon ses besoins.

Quand cette égalité réelle sera réalisée, la question de la discrimination n’aura plus de sens. La discrimination n’est que le reflet dans les comportements de l’inégalité réelle. Elle n’est qu’un phénomène secondaire, qu’il faut combattre certes, mais d’abord en instaurant une véritable égalité qui met fin à la domination. Pour cela, encore faut-il s’entendre sur le sens du verbe « discriminer ». Dans certains discours il parait utilisé dans son sens premier (savoir distinguer entre deux objets différents). La demande de non discrimination devient celle de ne plus savoir » discriminer » c’est-à-dire connaitre la différence : il s’agit d’inviter les enfants au déni de la différence sexuelle comme c’est la cas chez « l’avant-garde » suédoise qui fait la promotion du HEN (pronom neutre inventé pour refuser l’usage « sexué » de Il ou Elle). On nous assure qu’il ne s’agit pas de cela en France (et c’est vrai évidemment) mais c’est affirmé avec une telle arrogance et un tel mépris que cela ne fait que renforcer le soupçon. Et puis, quand on envisage de faire rentrer les groupes LGBT dans l’école, il est légitime que certains s’inquiètent. Chacun peut voir que ces groupes ne cessent de passer de la défense des homosexuels à leur promotion et delà à celle d’un nouveau communautarisme.

Enfin, pour mettre fin à toute cette hypocrisie, il faut rappeler que ce n’est pas à l’école que le sexisme est appris et diffusé, c’est la publicité et le commerce qui l’entretiennent et le diffusent sous la forme répétée à l’infini de la pin-up. C’est la publicité qui diffuse partout l’image de petites filles outrancièrement sexualisées. Que fait-on contre cela ? Ceux qui luttent contre la discrimination chez les petits enfants ne voient-ils rien de tout cela ?  Pourquoi tout ce battage puisqu’ils ne font rien ? Qui y trouve intérêt ?  Sachons le : la lutte contre la discrimination est le terrain de ceux qui veulent occulter le problème de l’égalité. C’est la ligne de repli de la social-démocratie quand elle a renoncé à une véritable politique de progrès social. En France, elle accompagne une attaque générale contre les familles (en particulier contre les prestations familiales) (2).

(1) la négation de ces différences sous le prétexte d’effacer totalement » les stéréotypes et les rôles sexuels traditionnels » parait ainsi non seulement illusoire mais de nature à s’opposer à une véritable égalité. Si on en croit l’étude de Françoise Héritier, l’égalité des sexes ne serait pas, pour des raisons anthropologiques, réellement atteignable (voir mon article du 14 février 2013 « Françoise Héritier et la valence différence des sexes« .

(2) ainsi l’idéologue de la social-démocratie allemande Axel Honneth termine son livre « la lutte pour la reconnaissance » par cette déclaration : « C’est pourquoi une ébauche formelle de l’éthicité  post-traditonnelle [comprendre le nouveau modèle de société capitaliste] doit être conçue de manière à pouvoir défendre l’égalitarisme  radical de l’amour contre les contraintes et les influences extérieures.

Une réflexion sur “Les ABCD de l’égalité

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